Lorsque l'on évoque un moteur d'avion de ligne, l'image du turboréacteur à double flux, standard depuis plus de 60 ans, vient immédiatement à l'esprit. Mais préparez-vous à un changement radical d'ici 2035. CFM International, une joint-venture entre Safran et General Electric, est en train de révolutionner ce domaine avec son architecture de moteur hybride non caréné : l'open fan.
L'open fan se distingue par son ambition de réduire les émissions de CO2 de 20% et sa totale compatibilité avec les carburants durables ou SAF (Sustainable Aviation Fuel). Ce type de moteur présente un taux de dilution extrêmement élevé, potentiellement autour de 70, contre 11 à 12 pour les turbosoufflantes actuelles. Cela signifie que pour chaque kilogramme d'air chaud compressé, le moteur peut mélanger jusqu'à 70 kilogrammes d'air froid, un exploit technique qui nécessite une soufflante de diamètre beaucoup plus grand.
Avec un diamètre frôlant les 4 mètres—le double de celui des moteurs actuels comme le LEAP d'un A321neo ou d'un 737 MAX—, l'open fan pose des défis de conception substantiels. L'absence de nacelle, traditionnellement utilisée pour réduire le bruit et protéger contre les débris, exige des innovations en matière de sécurité et d'efficacité acoustique. De plus, intégrer un moteur de cette taille sur un avion nécessite une refonte significative de la structure habituelle, notamment en explorant des options autres que la position classique sous l'aile.
Cette transformation majeure dans la conception des moteurs nécessitera une collaboration étroite entre les motoristes et les constructeurs d'avions. Les avionneurs devront envisager de nouvelles configurations d'avions pour accommoder ces moteurs imposants, potentiellement en revisitant des concepts aérodynamiques anciens ou en innovant radicalement.
En parallèle de l'open fan, d'autres technologies émergentes, comme les moteurs entièrement électriques et les hybrides électriques, sont également en développement. Ces technologies promettent de réduire encore plus l'empreinte carbone de l'aviation. Par exemple, les projets comme celui de l'Airbus E-Fan X explorent l'utilisation de moteurs électriques pour compléter les turboréacteurs, permettant une transition progressive vers une aviation moins polluante.
L'adoption généralisée de l'open fan et d'autres technologies vertes est encouragée par des régulations internationales de plus en plus strictes sur les émissions de gaz à effet de serre. L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), par exemple, a établi des objectifs ambitieux pour réduire l'impact climatique de l'aviation, ce qui pousse l'industrie à innover rapidement.
En conclusion, le moteur d'avion du futur, représenté par des concepts comme l'open fan, marquera une rupture significative avec les designs actuels. Non seulement ces moteurs promettent des réductions substantielles des émissions de CO2, mais ils redéfinissent également les principes de conception aéronautique. L'aviation de demain sera probablement très différente de celle que nous connaissons aujourd'hui, plus silencieuse, plus propre et plus efficiente.